Histoire de la maison
La maison date du XVIIème ou XVIIIème siècle pour le niveau inférieur, en particulier la voûte en pierre. Ces pièces voûtées sont très répandues dans cette partie ancienne du vieux Beaucaire : elles ont servi de stockage des marchandises tout au long de l’année dans le but d’être vendue durant la grande foire de la Madeleine en Juillet. Cette foire était une des plus importantes de toute la moitié sud de la France entre le XVème et le XVIIIème siècle jusqu’à l’arrivée du canal et du train (1820-1830).
Les marchands venaient par bateaux le long du Rhône depuis Lyon, par mer depuis la Catalogne, l’Italie et quelques marchands du Moyen-Orient. C’est un chargement de soieries venant du Moyen-Orient pour la foire de Beaucaire qui a amené la dernière grande peste à Marseille et dans tout le sud de la France (1720). Les festivités actuelles de la Madeleine (fin Juillet) commémorent cette ancienne foire.
La foire se tenait au « pré », sous le château, sur l’espace planté, aujourd’hui, de platanes. Un pont de bateaux permettait de franchir le Rhône jusqu’à Tarascon (voir les magnifiques gravures au musée et dans des livres sur Beaucaire).
Jusqu’en 1820, la rue, aujourd’hui Enclos Vigne, butait sur les remparts situés sur l’emplacement des quais du canal. Ils ont été détruits à l’arrivée du canal (poursuite du canal du Midi, venant de Bordeaux). Il est vraisemblable que les étages ont été reconstruits à cette époque. Tous les murs sont en pierre de Beaucaire, sous la forme de moellons de taille standardisée. Il s’agit d’un calcaire à entroques du Tertiaire (Burdigalien, 15millions d’années), qui a été exploité du Moyen âge à la 2ème guerre. Les carrières sont situées à côté de la carrière de la cimenterie et très visibles à proximité du tunnel du train allant à Nîmes (en partie carrières souterraines). Tous les moellons ont le signe distinctif du carrier qui l’a taillé : on peut en voir de nombreux dans le patio mais aussi au niveau de la porte vitrée allant de la salle de bain au balcon (il y a un moellon retourné pour rendre le signe visible). Les moellons étaient taillés avec une sorte de pioche et les traces des coups donnent des tries circulaires sur la surface des moellons (ces outils sont visibles au musée Jacquet au château). Ce calcaire a été très exploité et utilisé au XIXème dans de nombreux bâtiments publics de la côte Méditerranéenne (jusqu’à Perpignan). Aux alentours, d’autres calcaires du même âge ont été aussi très exploités (Fontvieille, Maussane, St-Rémy).
Il y a des moellons anciens de calcaire de Beaucaire dans le garage.
Les poutres sont sans doute des troncs de mélèzes qui arrivaient par flottage sur la Durance et le Rhône, depuis le Vercors ou les massifs des Alpes de Haute Provence.
La cloison séparant le garage de la salle voûtée est en pierre de taille ainsi que le bouchage du renfoncement derrière l’écran. C’est un calcaire très fin de la région de Montpellier, encore exploité.